Analyse
Edward aux mains d'argent
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Edward aux mains d’argent
Tim Burton - 1990
Un être atrophié
Edward est un être sensible, mais il n’a pas de mains organiques. À leur place, il a un appareillage coupant et tranchant constitué de ciseaux. Il en résulte qu’il ne peut pas témoigner son affection à ceux qu’il aime sans les blesser. C’est le drame d’Edward qui traduit symboliquement l’impossibilité d’exprimer les sentiments qu’on éprouve.
Un monstre au pays du banal
Pour rendre compte de la dimension extraordinaire d’Edward, Tim Burton le fait évoluer dans un univers qu’il connaît bien : une banlieue sans histoire, celle où il a passé son enfance : Burbank. Mais comme la banlieue californienne s’est métamorphosée au cours des dernières décennies il plante sa caméra en Floride, dans une ville assez représentative de ses souvenirs.
Le fil narratif va être une sorte de visite guidée jubilatoire de notre monde (notre vie familiale, moderne, nos relations humaines, notre rapport à l’apparence) par un étranger.
La narration
Une mise en abyme classique. Une grand mère explique à sa petite fille d’où vient la neige en racontant un conte. La caméra plonge hors de la maison vers la banlieue enneigée et termine sa course par un plan fixe sur le château lugubre qui surplombe la ville. Puis la caméra prend le contre-champ et filme la banlieue à partir du château. Mais un saut temporel a eu lieu puisque nous ne voyons plus de neige sur la ville.
Le récit est assez linéaire sauf qu’à trois reprise nous assistons à des flashs backs qui montrent :
- la génèse de la naissance d’Edward (le savant met symboliquement un cœur à un robot qui coupe des légumes, comme Edward à ce moment dans la cuisine).
- les leçons de savoir-vivre et de poèsie du vieux savant à Edward.
- le savant présente les mains à Edward mais meurt avant de les lui greffer.
Cette structure autour du flash back va être utilisé par Tim Burton dans Sleepy Hollow, la légende du cavalier sans tête (encore un à qui il manque quelque chose !) où Johnny Depp (Ichabod Crane) revoit sa mère et son père dans des rêves dégénérant en cauchemars. les deux films ont la particularité de s’inspirer du film de James Whale : Frankenstein. Dans Edward par cette notion de savant qui donne vie à une créature et dont la foule pourchassera dans une battue. Sleepy hollow reprendra en particulier le thème du moulin en flamme à la fin.

Séquences d’expositions
Le liant à cette histoire est Peg Boggs (Diane Wiest) qui fait sa tournée sa prospection pour la société de produits de beauté : Avon. C’est l’occasion de se familiariser à la petite vie banlieusarde, en particulier à sa faune et sa flore. On y observe la grosse permanentée, la nymphomane pomblophile, la bigotte introvertie, la pauvre roséophile… dans une myriade de couleurs pastelles. Absents notoires : les maris de ces femmes qui sont, bien entendu, au travail. Nous sommes en plein dans dans “l’American way of life” ou les femmes sont, par définition, au foyer, ou presque puisque Peg, semble-t-il dégoûtée par son environnement proche décide d’aller tâter de l’exotique en se rendant à l’inquiétant château sur la colline.
Elle y rencontre Edward et, malgré sa crainte première, ses réflexes professionnels reprennent le dessus puisqu’elle invite ce dernier à une cure d’avonthérapie chez elle, afin de remédier aux multiples cicatrices que le pauvre s’est infligée au cours de son existence.
Edward deviendra évidemment l’élément perturbateur qui va rompre le cycle routinier de cette petite communauté.

Les lieux, terres de contraste
Il y a bien sûr un contraste évident entre l’architecture gothique et sombre du château et celle en boîte de chaussures qui personnalise la banlieue.
Mais si l’on oriente notre analyse sur le pivot que représente Kim on observe que deux satellites gravite autour d’elle : Jim et Edward. Ces deux êtres que tout oppose, si ce n’est l’élue de leur cœur, ont des lieux de vie complètement opposés à l’image de leur personnalité.

Edward vie dans un château assez gothique, sombre, presqu’en ruine. Il a un aspect inquiétant de par sa couleur extérieur, son architecture tourmentée et lugubre. Mais une fois franchie le portail Peg est véritablement enchantée par la beauté des jardins, par leur ingéniosité, par les talents d’imagination qu’ils suggèrent.

Jim passe le plus clair de son temps dans une camionnette atteinte de tuning jusqu’au dernier degrés. L’aspect extérieur est certes agressif, mais le véhicule est flambant neuf et constitue, on s’en doute, l’apothéose esthétique d’un fils à papa comme Jim.
Une fois dans le véhicule on se rend compte automatiquement du problème. C’est aussi étroit que l’esprit de Jim, et le centre du véhicule n’est autre que la glacière à alcool (bière, whisky…). Bonjour le rêve et le romantisme !
Ces deux exemples soulignent l’écart entre la nature réelle et l’apparence des individus. Jim et Edward sont opposés en ce sens que l’un mise tout sur l’apparence et l’autre cultive son jardin secret. Leur lieu de vie est une représentation symbolique et juste de leur personnalité. Le thème ici de l’être et du paraître est repris avec une ingéniosité rarement égalée.
Les couleurs
Là encore, les oppositions sont légions. Le château et Edward contrastent dans l’univers pastel de la banlieue. Ils font tâche ! Mais Edward va s’adapter, s’intégrer à la vie humaine. Cela va se matérialiser par le port d’une pantalon et d’une chemise blanche. Ce n’est que lorsqu’il sera chassé par tous qu’il va oter cette chemise et retrouver en dessous sa combinaison noire.
À l’approche de Noël, le blanc et le rouge vont être particulièrement associé dans la maison des Boggs (Murs et sapin blancs, décorations rouges) et seront prémonitoire de l’évènement centrale : la blessure de Kim. Alors qu’Edward sculpte dans la glace un ange à l’image de Kim (on observe cette double couche : glace blanche / ange blanc), elle-même habillée de blanc, Jim apparaît et surprend Edward qui dans un geste non contrôlé blesse la main de Kim. Le sang rouge coule sur la main blanche. Cette association durera encore longtemps puisque les séquences de début et de fin, où l’on voit la grand-mère expliquer l’origine de la neige à sa petite fille, baignent dans ces deux couleurs.
Tim Burton - 1990
Un être atrophié
Edward est un être sensible, mais il n’a pas de mains organiques. À leur place, il a un appareillage coupant et tranchant constitué de ciseaux. Il en résulte qu’il ne peut pas témoigner son affection à ceux qu’il aime sans les blesser. C’est le drame d’Edward qui traduit symboliquement l’impossibilité d’exprimer les sentiments qu’on éprouve.
Un monstre au pays du banal
Pour rendre compte de la dimension extraordinaire d’Edward, Tim Burton le fait évoluer dans un univers qu’il connaît bien : une banlieue sans histoire, celle où il a passé son enfance : Burbank. Mais comme la banlieue californienne s’est métamorphosée au cours des dernières décennies il plante sa caméra en Floride, dans une ville assez représentative de ses souvenirs.
Le fil narratif va être une sorte de visite guidée jubilatoire de notre monde (notre vie familiale, moderne, nos relations humaines, notre rapport à l’apparence) par un étranger.
La narration
Une mise en abyme classique. Une grand mère explique à sa petite fille d’où vient la neige en racontant un conte. La caméra plonge hors de la maison vers la banlieue enneigée et termine sa course par un plan fixe sur le château lugubre qui surplombe la ville. Puis la caméra prend le contre-champ et filme la banlieue à partir du château. Mais un saut temporel a eu lieu puisque nous ne voyons plus de neige sur la ville.
Le récit est assez linéaire sauf qu’à trois reprise nous assistons à des flashs backs qui montrent :
- la génèse de la naissance d’Edward (le savant met symboliquement un cœur à un robot qui coupe des légumes, comme Edward à ce moment dans la cuisine).
- les leçons de savoir-vivre et de poèsie du vieux savant à Edward.
- le savant présente les mains à Edward mais meurt avant de les lui greffer.
Cette structure autour du flash back va être utilisé par Tim Burton dans Sleepy Hollow, la légende du cavalier sans tête (encore un à qui il manque quelque chose !) où Johnny Depp (Ichabod Crane) revoit sa mère et son père dans des rêves dégénérant en cauchemars. les deux films ont la particularité de s’inspirer du film de James Whale : Frankenstein. Dans Edward par cette notion de savant qui donne vie à une créature et dont la foule pourchassera dans une battue. Sleepy hollow reprendra en particulier le thème du moulin en flamme à la fin.

Séquences d’expositions
Le liant à cette histoire est Peg Boggs (Diane Wiest) qui fait sa tournée sa prospection pour la société de produits de beauté : Avon. C’est l’occasion de se familiariser à la petite vie banlieusarde, en particulier à sa faune et sa flore. On y observe la grosse permanentée, la nymphomane pomblophile, la bigotte introvertie, la pauvre roséophile… dans une myriade de couleurs pastelles. Absents notoires : les maris de ces femmes qui sont, bien entendu, au travail. Nous sommes en plein dans dans “l’American way of life” ou les femmes sont, par définition, au foyer, ou presque puisque Peg, semble-t-il dégoûtée par son environnement proche décide d’aller tâter de l’exotique en se rendant à l’inquiétant château sur la colline.
Elle y rencontre Edward et, malgré sa crainte première, ses réflexes professionnels reprennent le dessus puisqu’elle invite ce dernier à une cure d’avonthérapie chez elle, afin de remédier aux multiples cicatrices que le pauvre s’est infligée au cours de son existence.
Edward deviendra évidemment l’élément perturbateur qui va rompre le cycle routinier de cette petite communauté.

Les lieux, terres de contraste
Il y a bien sûr un contraste évident entre l’architecture gothique et sombre du château et celle en boîte de chaussures qui personnalise la banlieue.
Mais si l’on oriente notre analyse sur le pivot que représente Kim on observe que deux satellites gravite autour d’elle : Jim et Edward. Ces deux êtres que tout oppose, si ce n’est l’élue de leur cœur, ont des lieux de vie complètement opposés à l’image de leur personnalité.

Edward vie dans un château assez gothique, sombre, presqu’en ruine. Il a un aspect inquiétant de par sa couleur extérieur, son architecture tourmentée et lugubre. Mais une fois franchie le portail Peg est véritablement enchantée par la beauté des jardins, par leur ingéniosité, par les talents d’imagination qu’ils suggèrent.

Jim passe le plus clair de son temps dans une camionnette atteinte de tuning jusqu’au dernier degrés. L’aspect extérieur est certes agressif, mais le véhicule est flambant neuf et constitue, on s’en doute, l’apothéose esthétique d’un fils à papa comme Jim.
Une fois dans le véhicule on se rend compte automatiquement du problème. C’est aussi étroit que l’esprit de Jim, et le centre du véhicule n’est autre que la glacière à alcool (bière, whisky…). Bonjour le rêve et le romantisme !
Ces deux exemples soulignent l’écart entre la nature réelle et l’apparence des individus. Jim et Edward sont opposés en ce sens que l’un mise tout sur l’apparence et l’autre cultive son jardin secret. Leur lieu de vie est une représentation symbolique et juste de leur personnalité. Le thème ici de l’être et du paraître est repris avec une ingéniosité rarement égalée.
Les couleurs
Là encore, les oppositions sont légions. Le château et Edward contrastent dans l’univers pastel de la banlieue. Ils font tâche ! Mais Edward va s’adapter, s’intégrer à la vie humaine. Cela va se matérialiser par le port d’une pantalon et d’une chemise blanche. Ce n’est que lorsqu’il sera chassé par tous qu’il va oter cette chemise et retrouver en dessous sa combinaison noire.
À l’approche de Noël, le blanc et le rouge vont être particulièrement associé dans la maison des Boggs (Murs et sapin blancs, décorations rouges) et seront prémonitoire de l’évènement centrale : la blessure de Kim. Alors qu’Edward sculpte dans la glace un ange à l’image de Kim (on observe cette double couche : glace blanche / ange blanc), elle-même habillée de blanc, Jim apparaît et surprend Edward qui dans un geste non contrôlé blesse la main de Kim. Le sang rouge coule sur la main blanche. Cette association durera encore longtemps puisque les séquences de début et de fin, où l’on voit la grand-mère expliquer l’origine de la neige à sa petite fille, baignent dans ces deux couleurs.