Charles Laughton
La Nuit du chasseur
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Profitant d’un passage à vide dans sa carrière d’acteur, Charles Laughton passe derrière la caméra le temps d’un seul film, en adaptant le (très bon) roman éponyme de Davis Grubb.

Ce film se déroule au début des années 30 dans l’Ohio. Le point de vue du film est omnipotent, ce qui permet au spectateur d’être le plus souvent mieux informé que les protagonistes du récit. En effet, il est mis assez rapidement au courant de l’endroit où Ben Harper a caché l’argent du braquage, de même il connaît les véritables motivations d’Harry Powell, le soit - disant prêcheur. Cela permettra au réalisateur de faire partager intimement au spectateur les émotions intenses des héros de l’histoire.
Malgré un cadre historique clairement identifié, un univers social dépeint avec une certaine ironie, Charles Laughton oriente son film dans un univers symbolique dont il va chercher les références à la fois dans le conte de fée et la Bible.
La Bible
La Parabole
La Bible imprègne le récit de « La nuit du chasseur », en fait elle se permet une sorte de Génèse. Rachel Cooper (Lilian Gish) apparaît dans le ciel étoilé à l’instar d’une Déesse (dans un accoutrement modeste) et, par la force de son verbe, va créer un monde, celui qui va illustrer son propos pour les enfants qui l’entourent sur la notion de faux prophètes, loups féroces déguisés en douces brebis. Cette introduction (le ciel étoilé) va être reprise visuellement lorsque l’on verra pour la première fois John et Pearl, les fleurs répondant aux étoiles.

Cette mise en abyme du récit (le récit dans le récit) permet une plus grande distanciation pour les enfants spectateurs, on est en train de leur raconter une histoire. Mais cette histoire est particulière, elle est aussi une mise en garde, afin d’être vigilant et ne pas se fier uniquement aux apparences. Afin de faire rentrer la leçon, le réalisateur va mettre en scène des enfants pour faciliter leur identification. Ce qu’ils vont vivre va pouvoir servir d’exemples sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire lorsque l’on est confronté à un intrus. Une fois le destin scellé (le père mort, l’intrusion du pasteur dans la vie privée de la famille Harper), nous avons droit à une lutte, celle de David contre Goliath, celle d’un enfant (John) contre un adulte (Harry Powell) avec pour objet de confrontation le butin caché. Ils réussiront à s’échapper, comme l’atteste cette séquence clé où les enfants billets de Pearl passent inaperçus près des pieds de géant d’Harry Powell.

L’Ancien et le Nouveau Testament
La duplicité du récit va être de mettre le personnage sanguinaire et psychopathe d’Harry Powell dans les atours d’un homme d’église. Alors que le film commence par montrer la sagesse de la parole sacrée, il souligne sans cesse le machiavélisme de son porte - parole. Il y a donc deux aspects, deux lectures qui vont aussi s’affronter. Celle du séduisant prêcheur, qui va gagner à sa cause la veuve Willa Harper (Shelley Winters) et la petite Ruby. De l’autre Rachel Cooper, qui voue sa vie à une cause charitable : élever les enfants perdus. Les deux croyances sont opposées Harry Powell par le caractère excessif, fanatique, expiatoire de sa foi (voir les séquences de Willa en possédée, l’abstinence relative d’Harry la nuit de ses noces) et Rachel qui est dans un registre fait de partage, de compréhension. Cette confrontation spirituelle se fera par le chant. Lorsque, sur sa souche, le prêcheur viendra chanter « Leaning » (s’appuyer), que Rachel reprendra mais en complétant le vers manquant (« Leaning on Jesus »).
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Sans doute la preuve que la foi d’Harry Powell est plus archaïque, elle s’adresse directement à Dieu, celui de l’ancien testament. Comme il le dit lui - même : « non que les meurtres te troublent, la Bible en est pleine ». Rachel, même si elle fait toujours référence à l’ancien testament (histoire de Moïse et de Salomon), par ses actes de tolérance et de charité est bien dans l’esprit du Nouveau Testament, d’où la référence à Jésus.
Adam et Eve chassé du jardin d’Eden
Le récit global des deux enfants fait référence à plusieurs thèmes fondateurs de la Bible. Lorsque John et Pearl quittent le foyer, c’est une allusion directe à Adam et Eve, chassés du Paradis, pour avoir mordus dans la pomme. Là encore ce départ forcé est lié à un savoir, non pas celui de la pomme, mais de la poupée farcie de billets verts. Par contre la pomme sera présente à des moments clés, notamment dans la cave où le prêcheur s’apprête à saigner John afin de lui faire avouer la cache du magot. Les pommes se trouvent sur le tonneau où le petit garçon pose la tête (voir le sacrifice plus loin).

Plus tard, lorsque Rachel essaye de savoir d’où vient John, cela se fait alors qu’ils ont chacun une pomme, John réussit à savoir ce qu’il souhaite sur l’histoire des Rois et il croque la sienne. Rachel n’en saura pas plus et ménage la sienne.
Moïse, la corbeille et le Nil
L’abandon des enfants est total et irréversible, comme sur leur barque, ils ne peuvent plus aller contre le courant, il est trop fort pour eux. Abandonnés au gré de l’eau, ils vont finir par s’échouer à l’instar de Moïse dans son berceau improvisé. Comme ce dernier, ils seront secourus par une dame, Rachel.

Abraham et le sacrifice d’Isaac
Lorsque John est à la merci de son faux père, ce dernier dans un geste rituel sort son couteau et se tourne vers le ciel (en fait le plafond de la cave) pour montrer sa relation directe avec Dieu. C’est une référence directe à un passage clé de la Bible, lorsque Abraham reçoit l’ordre de Dieu de sacrifier son fils unique Isaac, non pas dans une cave miteuse mais sur une montagne. Dans les deux cas le sacrifice n’aura pas lieu, Dieu arrêtera la main du vieil homme, et Pearl révèlera in extremis la cachette du butin.

Le conte de fée
Comme l’indique en introduction la parabole biblique sur les faux prophètes, on fait allusion au loup qui se déguise en brebis. Le loup est souvent un élément classique, voir incontournable du conte. Le loup est facilement reconnaissable aux victimes qu’il laisse derrière lui. Un assassin psychopathe déguisé en pasteur. Il fouine, vole, tue :
- La manière dont il réussit à savoir l’existence du magot en écoutant Ben Harper parler dans son sommeil.

- Le flirt avec Ruby pour se rapprocher du magot…
Mais c’est par des caractéristiques vocales (jappements, hurlements…) qu’il va pouvoir être identifié comme un loup prêt à sacrifier ces nouveaux Hansel et Gretel pour leur soutirer l’argent.

On le verra principalement à des moments où les enfants réussissent à s’échapper. Lorsqu’ils l’enferment dans la cave, ses doigts crochus se coincent dans la porte (cris de douleur), le soi - disant mouton devient un bélier pour défoncer la porte !
Plus tard, lorsque les enfants prennent dans la barque restaurée de leur père, Powell s’enlise dans la boue et hurle de désespoir lorsque le bateau et les enfants lui échappent à nouveau.
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Et enfin, lorsque Rachel tire un coup de fusil sur lui, il prend la poudre d’escampette en geignant.
Comme dans les contes, le loup est effrayant, ce qui rend d’autant plus spectaculaire la capacité de John et Pearl à déjouer les mauvais tours du loup. Rachel est même émue de voir la force intérieure de ces jeunes qui endure tous ces drames.
Le traitement en conte de fée est volontairement outré, le style est très graphique (les plans d’ensemble de la scène de la cave notamment) et certaines images ont une dimension très symbolique (le couteau à cran d’arrêt et l’érection - cf : scène cabaret).


Ce film est un récit initiatique qui cherche, à l’instar des contes, à mettre en garde les enfants des dangers de la vie. Il joue aussi bien sur la dimension première, que la dimension symbolique.
Esthétique
Symétrie
Le film adopte formellement une esthétique symétrique. Ainsi l’irruption de la tête d’Harry Powell dans la cellule de Ben Harper (du haut vers le bas, Harry est installé sur un lit superposé)

est à rattacher à celle de la maison de Rachel lorsqu’il arrive dans le cadre comme un diable sortie de sa boîte (du bas vers le haut).

Le même geste mais dans deux directions opposées.
De même la fuite des enfants sur les berges du Mississipi va de gauche à droite et se déroule en pleine nuit. Le poursuivant est un homme.

Lorsqu’ils vont trouver refuge auprès de Rachel, la rencontre se déroulera en plein jour, et ils iront de la droite vers la gauche.

On pourra résumer cet équation comme suit :
Gauche = maison / foyer
Droite = fuite / incertitude
Ils sont donc chassés de leur foyer vers l’inconnu, et de l’inconnu ils vont retrouver leur foyer.
Mais cette symbolique va encore plus loin si on la soumet à un autre enjeu symétrique très prégnant dans le film : La lutte entre le Bien et le Mal, à travers la parabole des Mains (tatouées) d’Harry Powell.

Love (droite) et Hate (gauche) vérifient l’équation citée plus haut.


Dans la séquence qui suit le coup de fusil sur Harry Powell par Rachel, la famille recomposée forme une pyramide qui rappelle l’Egypte et l’Histoire de Moïse. C’est une structure pyramidal ou John sert de base, une sorte de pilier symbolique.

On peut noter aussi que l’architecture propose régulièrement des arêtes aigues, ausi pointu que le couteau du pasteur, qui peuvent êtres interprétées comme la menace d’Harry Powell, puisqu’elles deviennent souvent visibles en sa présence :


La Fuite
Lorsque John et Pearl s’enfuient sur la barque nous allons voir apparaître en premier plan des animaux. L’effet visuel est très réussit. C’est beau, poétique mais plus encore très signifiant. En effet Pearl profite de ce moment de répit pour chanter une comptine.
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“Once upon a time there was a pretty fly…” qui parle de petits moucherons tous mignons en fuite. Et lorsque l’on interroge les images nous voyons d’abord une toile d’araignée (prédateur) en premier plan, en arrière plan la barque semble sortir de la toile et donc des griffes de l’araignée. Juste après nous avons un batracien qui lui aussi apprécie les moucherons au petit déjeuner et qui comme Harry Powell sait utiliser sa langue pour attraper ses proies !


Donc ces premiers plans de fuite avec les animaux servent aussi à montrer de manière symbolique la manière dont les enfants échappent aux griffes de leur prédateur.
La Musique
On notera que cette mélodie de la berceuse est le leitmotiv des enfants. On l’entend dès leur apparition, lors de leur fuite… sur des modes très différents (tourmenté, grave…).
Le thème d’Harry Powell est double : il y a le cantique “Leaning” (voir plus haut) et une cascade de cuivre qui l’impose comme un rouleau compresseur.

Ce film se déroule au début des années 30 dans l’Ohio. Le point de vue du film est omnipotent, ce qui permet au spectateur d’être le plus souvent mieux informé que les protagonistes du récit. En effet, il est mis assez rapidement au courant de l’endroit où Ben Harper a caché l’argent du braquage, de même il connaît les véritables motivations d’Harry Powell, le soit - disant prêcheur. Cela permettra au réalisateur de faire partager intimement au spectateur les émotions intenses des héros de l’histoire.
Malgré un cadre historique clairement identifié, un univers social dépeint avec une certaine ironie, Charles Laughton oriente son film dans un univers symbolique dont il va chercher les références à la fois dans le conte de fée et la Bible.
La Bible
La Parabole
La Bible imprègne le récit de « La nuit du chasseur », en fait elle se permet une sorte de Génèse. Rachel Cooper (Lilian Gish) apparaît dans le ciel étoilé à l’instar d’une Déesse (dans un accoutrement modeste) et, par la force de son verbe, va créer un monde, celui qui va illustrer son propos pour les enfants qui l’entourent sur la notion de faux prophètes, loups féroces déguisés en douces brebis. Cette introduction (le ciel étoilé) va être reprise visuellement lorsque l’on verra pour la première fois John et Pearl, les fleurs répondant aux étoiles.

Cette mise en abyme du récit (le récit dans le récit) permet une plus grande distanciation pour les enfants spectateurs, on est en train de leur raconter une histoire. Mais cette histoire est particulière, elle est aussi une mise en garde, afin d’être vigilant et ne pas se fier uniquement aux apparences. Afin de faire rentrer la leçon, le réalisateur va mettre en scène des enfants pour faciliter leur identification. Ce qu’ils vont vivre va pouvoir servir d’exemples sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire lorsque l’on est confronté à un intrus. Une fois le destin scellé (le père mort, l’intrusion du pasteur dans la vie privée de la famille Harper), nous avons droit à une lutte, celle de David contre Goliath, celle d’un enfant (John) contre un adulte (Harry Powell) avec pour objet de confrontation le butin caché. Ils réussiront à s’échapper, comme l’atteste cette séquence clé où les enfants billets de Pearl passent inaperçus près des pieds de géant d’Harry Powell.

L’Ancien et le Nouveau Testament
La duplicité du récit va être de mettre le personnage sanguinaire et psychopathe d’Harry Powell dans les atours d’un homme d’église. Alors que le film commence par montrer la sagesse de la parole sacrée, il souligne sans cesse le machiavélisme de son porte - parole. Il y a donc deux aspects, deux lectures qui vont aussi s’affronter. Celle du séduisant prêcheur, qui va gagner à sa cause la veuve Willa Harper (Shelley Winters) et la petite Ruby. De l’autre Rachel Cooper, qui voue sa vie à une cause charitable : élever les enfants perdus. Les deux croyances sont opposées Harry Powell par le caractère excessif, fanatique, expiatoire de sa foi (voir les séquences de Willa en possédée, l’abstinence relative d’Harry la nuit de ses noces) et Rachel qui est dans un registre fait de partage, de compréhension. Cette confrontation spirituelle se fera par le chant. Lorsque, sur sa souche, le prêcheur viendra chanter « Leaning » (s’appuyer), que Rachel reprendra mais en complétant le vers manquant (« Leaning on Jesus »).
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Sans doute la preuve que la foi d’Harry Powell est plus archaïque, elle s’adresse directement à Dieu, celui de l’ancien testament. Comme il le dit lui - même : « non que les meurtres te troublent, la Bible en est pleine ». Rachel, même si elle fait toujours référence à l’ancien testament (histoire de Moïse et de Salomon), par ses actes de tolérance et de charité est bien dans l’esprit du Nouveau Testament, d’où la référence à Jésus.
Adam et Eve chassé du jardin d’Eden
Le récit global des deux enfants fait référence à plusieurs thèmes fondateurs de la Bible. Lorsque John et Pearl quittent le foyer, c’est une allusion directe à Adam et Eve, chassés du Paradis, pour avoir mordus dans la pomme. Là encore ce départ forcé est lié à un savoir, non pas celui de la pomme, mais de la poupée farcie de billets verts. Par contre la pomme sera présente à des moments clés, notamment dans la cave où le prêcheur s’apprête à saigner John afin de lui faire avouer la cache du magot. Les pommes se trouvent sur le tonneau où le petit garçon pose la tête (voir le sacrifice plus loin).

Plus tard, lorsque Rachel essaye de savoir d’où vient John, cela se fait alors qu’ils ont chacun une pomme, John réussit à savoir ce qu’il souhaite sur l’histoire des Rois et il croque la sienne. Rachel n’en saura pas plus et ménage la sienne.
Moïse, la corbeille et le Nil
L’abandon des enfants est total et irréversible, comme sur leur barque, ils ne peuvent plus aller contre le courant, il est trop fort pour eux. Abandonnés au gré de l’eau, ils vont finir par s’échouer à l’instar de Moïse dans son berceau improvisé. Comme ce dernier, ils seront secourus par une dame, Rachel.

Abraham et le sacrifice d’Isaac
Lorsque John est à la merci de son faux père, ce dernier dans un geste rituel sort son couteau et se tourne vers le ciel (en fait le plafond de la cave) pour montrer sa relation directe avec Dieu. C’est une référence directe à un passage clé de la Bible, lorsque Abraham reçoit l’ordre de Dieu de sacrifier son fils unique Isaac, non pas dans une cave miteuse mais sur une montagne. Dans les deux cas le sacrifice n’aura pas lieu, Dieu arrêtera la main du vieil homme, et Pearl révèlera in extremis la cachette du butin.

Le conte de fée
Comme l’indique en introduction la parabole biblique sur les faux prophètes, on fait allusion au loup qui se déguise en brebis. Le loup est souvent un élément classique, voir incontournable du conte. Le loup est facilement reconnaissable aux victimes qu’il laisse derrière lui. Un assassin psychopathe déguisé en pasteur. Il fouine, vole, tue :
- La manière dont il réussit à savoir l’existence du magot en écoutant Ben Harper parler dans son sommeil.
- La mention snoop – fouiner en anglais - (voir photogramme) sur la vitrine lorsqu’il vient annoncer la disparition de Willa chez les Spoons !

- Le flirt avec Ruby pour se rapprocher du magot…
Mais c’est par des caractéristiques vocales (jappements, hurlements…) qu’il va pouvoir être identifié comme un loup prêt à sacrifier ces nouveaux Hansel et Gretel pour leur soutirer l’argent.

On le verra principalement à des moments où les enfants réussissent à s’échapper. Lorsqu’ils l’enferment dans la cave, ses doigts crochus se coincent dans la porte (cris de douleur), le soi - disant mouton devient un bélier pour défoncer la porte !
Plus tard, lorsque les enfants prennent dans la barque restaurée de leur père, Powell s’enlise dans la boue et hurle de désespoir lorsque le bateau et les enfants lui échappent à nouveau.
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Et enfin, lorsque Rachel tire un coup de fusil sur lui, il prend la poudre d’escampette en geignant.
Comme dans les contes, le loup est effrayant, ce qui rend d’autant plus spectaculaire la capacité de John et Pearl à déjouer les mauvais tours du loup. Rachel est même émue de voir la force intérieure de ces jeunes qui endure tous ces drames.
Le traitement en conte de fée est volontairement outré, le style est très graphique (les plans d’ensemble de la scène de la cave notamment) et certaines images ont une dimension très symbolique (le couteau à cran d’arrêt et l’érection - cf : scène cabaret).


Ce film est un récit initiatique qui cherche, à l’instar des contes, à mettre en garde les enfants des dangers de la vie. Il joue aussi bien sur la dimension première, que la dimension symbolique.
Esthétique
Symétrie
Le film adopte formellement une esthétique symétrique. Ainsi l’irruption de la tête d’Harry Powell dans la cellule de Ben Harper (du haut vers le bas, Harry est installé sur un lit superposé)

est à rattacher à celle de la maison de Rachel lorsqu’il arrive dans le cadre comme un diable sortie de sa boîte (du bas vers le haut).

Le même geste mais dans deux directions opposées.
De même la fuite des enfants sur les berges du Mississipi va de gauche à droite et se déroule en pleine nuit. Le poursuivant est un homme.

Lorsqu’ils vont trouver refuge auprès de Rachel, la rencontre se déroulera en plein jour, et ils iront de la droite vers la gauche.

On pourra résumer cet équation comme suit :
Gauche = maison / foyer
Droite = fuite / incertitude
Ils sont donc chassés de leur foyer vers l’inconnu, et de l’inconnu ils vont retrouver leur foyer.
Mais cette symbolique va encore plus loin si on la soumet à un autre enjeu symétrique très prégnant dans le film : La lutte entre le Bien et le Mal, à travers la parabole des Mains (tatouées) d’Harry Powell.

Love (droite) et Hate (gauche) vérifient l’équation citée plus haut.


Dans la séquence qui suit le coup de fusil sur Harry Powell par Rachel, la famille recomposée forme une pyramide qui rappelle l’Egypte et l’Histoire de Moïse. C’est une structure pyramidal ou John sert de base, une sorte de pilier symbolique.

On peut noter aussi que l’architecture propose régulièrement des arêtes aigues, ausi pointu que le couteau du pasteur, qui peuvent êtres interprétées comme la menace d’Harry Powell, puisqu’elles deviennent souvent visibles en sa présence :


La Fuite
Lorsque John et Pearl s’enfuient sur la barque nous allons voir apparaître en premier plan des animaux. L’effet visuel est très réussit. C’est beau, poétique mais plus encore très signifiant. En effet Pearl profite de ce moment de répit pour chanter une comptine.
livepage.apple.com
“Once upon a time there was a pretty fly…” qui parle de petits moucherons tous mignons en fuite. Et lorsque l’on interroge les images nous voyons d’abord une toile d’araignée (prédateur) en premier plan, en arrière plan la barque semble sortir de la toile et donc des griffes de l’araignée. Juste après nous avons un batracien qui lui aussi apprécie les moucherons au petit déjeuner et qui comme Harry Powell sait utiliser sa langue pour attraper ses proies !


Donc ces premiers plans de fuite avec les animaux servent aussi à montrer de manière symbolique la manière dont les enfants échappent aux griffes de leur prédateur.
La Musique
On notera que cette mélodie de la berceuse est le leitmotiv des enfants. On l’entend dès leur apparition, lors de leur fuite… sur des modes très différents (tourmenté, grave…).
Le thème d’Harry Powell est double : il y a le cantique “Leaning” (voir plus haut) et une cascade de cuivre qui l’impose comme un rouleau compresseur.